Après les bidouilleurs des premiers temps qui manipulaient aussi bien le tournevis et le fer à souder que le clavier, et auxquels on doit les innovations fondamentales qui sont à la base de l’informatique d’aujourd’hui, la famille des hackers s’agrandit !
Pour revenir aux définitions premières, rappelons que le hacker se caractérise par sa passion pour le « fonctionnement intime des systèmes, ordinateurs et réseaux informatiques ». Nous avons vu aussi que ces bricoleurs de transistors étaient souvent animés par des motivations libertaires : nombre d’entre eux pensaient que l’informatique et les réseaux devaient libérer et faire circuler l’information, contribuer à créer un monde plus libre et plus juste. Faire sauter les verrous, contourner les systèmes de sécurité, maîtriser et déjouer les dernières découvertes en matière de cryptologie, tels furent donc les jeux favoris des hackers.
A partir des années 1980, avec la création des grands réseaux et l’arrivée des ordinateurs dans les foyers, l’informatique devint un outil social incontournable. Le mot hacker, jusque-là plutôt teinté d’anarchisme sympathique, va dans le même temps voir ses sens prendre autant de nouvelles couleurs et formes que de significations : l’informatique n’est plus un hobby d’étudiant, mais un ensemble de technologies et de systèmes devenus indispensables au fonctionnement de la société, une arme aussi bien qu’un savoir, un mur de protection autant qu’un moyen de communication, de surveillance ou d’intrusion. Les compétences de notre hacker passe-murailles sont donc utilisées dans toutes ces dimensions, et ses initiatives personnelles sont également mesurées à l’aune de leurs effets sur tous ces secteurs. Vont alors se dessiner de nouveaux visages du hacker, et des identités multiples. De nouveaux noms apparaissent, aux significations mouvantes et subjectives. On peut en dresser une liste et faire une petite galerie de portraits, mais poser ces masques théoriques sur des personnages réels risque d’être plus problématique.
- Il y a tout d’abord les chapeaux, dont les couleurs font référence à l’univers du Western : les gentils portent des chapeaux blancs, les méchants sont coiffés de noir.
- Un « chapeau blanc » (white hat), est donc un hacker considéré comme un gentil. Bien sûr, il fait son travail de hacker, c’est-à-dire qu’il déjoue les systèmes de sécurité, s’introduit dans les failles, pénètre dans des endroits interdits pour y faire des choses tout aussi interdites. Mais il le fait pour la bonne cause : son but est de mettre les systèmes à l’épreuve pour les améliorer, quand ils sont professionnels de l’informatique, ou pour en révéler au monde les faiblesses quand ils agissent de leur propre (couvre) chef.
- Par opposition, un « chapeau noir » (black hat), est un méchant : ces activités servent des intérêts malveillants, criminels, mafieux. Ils cherchent à nuire pour faire du profit.
- Entre ces deux, il y a ce bidouilleur de code qui pénètre partout sans autorisation juste pour la gloire. Certains le qualifie de « chapeaux gris ».
- Sans chapeau, mais souvent avec casquette, il y a notre adolescent boutonneux qui joue avec les systèmes et les langages sans toujours maîtriser les techniques et leurs implications. Les anglophones les qualifient de « script kiddies ».
- Enfin, il y a ceux qui sont peut-être les héritiers des hackers des premiers temps, mais que l’on coiffe souvent d’un chapeau d’une couleur ou d’une autre : les « hacktivistes », qui mettent leurs compétences au service d’une (bonne ?) cause.
Attention, toute tentative de mettre des personnages réels sous les chapeaux et casquettes suscités risque de se transformer en troll !
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