Nouvel espace en invention constante, le réseau des réseaux est fécond en nouveaux métiers, suscite de nouveaux comportements, motive nouvelles attitudes et génère autant de nouveaux mots pour les désigner. Internet est un univers en expansion d’où naissent aussi des mots. Ainsi, le mot « Hacker », qui lui même en fit naître bien d’autres.
Pour la plupart d’entre nous, ce mot évoque un adolescent boutonneux qui s’amuse à pénétrer des systèmes informatiques pourtant protégés. Ce personnage mis en scène dans de nombreux films est pourtant un arbre bien chétif pour cacher une luxuriante forêt. Une forêt d’ailleurs si dense qu’il faudra quelques contributions pour en détailler les différentes essences. On peut pourtant commencer par en faire une sorte d’inventaire introductif. Il s’agit ici de dessiner les contours d’un certain nombre de termes pour mieux comprendre le sens et les enjeux de polémiques parfois vives qui animent la toile. La plupart de ces termes sont en anglais, et si des traductions françaises littérales existent et sont utilisées, elles peuvent introduire de nouvelles ambigüités. Ainsi, pour le mot « Hacker », la Délégation générale à la langue française et aux langues de France préconise l’emploi du terme « fouineur » alors que le grand dictionnaire terminologique de la langue française favorise le terme bidouilleur. Le premier réduit le sens à son côté curieux indiscret, le second semble n’être qu’un bricoleur du dimanche. La traduction est donc toujours imparfaite, la tentative de dresser des définitions ne l’est pas moins : le sens des mots change avec le temps ou le contexte et l’on peut utiliser les mêmes termes sans parler la même langue. On peut tout au plus essayer de rendre compte de l’histoire de ces sens et des contextes auxquels ils se rattachent.
Commençons par tordre le cou à l’adolescent boutonneux en revenant à la définition première du mot hacker : « une personne qui montre une passion pour la compréhension du fonctionnement intime des systèmes, ordinateurs et réseaux informatiques en particulier ». Le terme trouve son origine dans les années 1950 dans l’univers des radio-amateurs américains, mais c’est dans le jargon d’une association d’étudiants du MIT qu’il apparaît pour la première fois en 1959. Le hacker de l’époque manipulait surtout du matériel électronique, du « hardware » : ils expérimentaient de nouvelles configurations, testaient les utilisations possibles des premiers transistors miniaturisés et circuits imprimés. Le plus célèbre d’entre eux est peut-être Steve Wozniak, l’un des fondateurs d’Apple. Parallèlement, il y ceux qui s’intéressent au langage des machines, inventent de nouveaux protocoles, écrivent des codes programmation plus efficaces, tels Dennis Ritchie, inventeur du langage C, et Richard Stallman, grand promoteur du logiciel libre.
Ces hackers des premiers temps, s’ils étaient des fondateurs, des constructeurs, des inventeurs, étaient déjà des « rebelles » au système et des indisciplinés. En témoigne, cette « éthique du hacker » résumée par le journaliste Steven Levy :
- Toute information est par nature libre.
- Ne pas se fier à l’autorité, promouvoir la décentralisation.
- Les hackers peuvent se juger par leurs prouesses, non par d’autres hiérarchies sociales.
- Art et beauté peuvent être créés avec un ordinateur.
- Les ordinateurs peuvent changer et améliorer la vie.
Voici donc dessinés les contours du hacker des origines, celui qui enfantera ensuite toute une familles d’autres hackers aux noms ronds comme des chapeaux. Il seront détaillé ici une prochaine fois !
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