Mais quel est donc cet étrange animal qui a tendance à proliférer sur la toile ?
C’est ce petit monstre violent, agressif et tenace de la mythologie scandinave ? Ou bien est-ce un lanceur d’hameçon dont le nom dériverait du verbe anglais to troll qui désigne la pêche à la traîne ?
Peut-être un peu tout ça à la fois !
En argot d’internet, le troll est une personne (mais elle se cache toujours derrière un avatar, un pseudo, un profil utilisateur…) qui influence et détourne un débat, une discussion ou un forum auquel elle participe. Ses méthodes sont diverses, mais les résultats récurrents : un débat serein devient polémique, son sujet premier oublié au profit d’un sujet second initié par le troll, des insultes sont échangées, et le troll parfois exclu. Il a donc la malveillance du monstre et le côté piégeur du lanceur d’hameçons.
En fait, la toile n’est pas le premier habitat du troll. Il ne s’appelait pas comme ça, mais il existait déjà depuis longtemps dans tous les lieux de débats et toutes les sortes de réunions. Nous avons tous assisté à des débats qui dérivent sous l’influence funeste d’un participant plus ou moins bien intentionné. Mais internet a créé de multiples espaces où ce type de comportement est aujourd’hui déploré. Le premier d’entre eux est Usenet, qui rassemblait déjà des milliers de forums de discussion avant l’apparition du Web. Les forums de toutes formes ont ensuite été contaminés, puis les nouveaux espaces à contributions multiples créés par les réseaux sociaux. Bref : partout où tout un chacun peut poster un avis, un commentaire, une contribution, un troll peut apparaître. Il est parfois très facilement identifiable lorsque ses interventions prennent la forme de :
- propos délibérément injurieux, intolérants, racistes ou scatologiques
- accusations, provocations et critiques gratuites, répétées, systématiques dirigées contre certains membres de l’assemblée virtuels ou même sa totalité
- propos absurdes, échappant à toute logique
- lancements récurrents de sujets totalement étrangers à la vocation de l’espace.
Dans de nombreux cas, il est très facile de s’en débarrasser : s’il apparaît dans un forum modéré ou sur le mur d’un compte Facebook, il suffit de supprimer ses contributions ou de le bloquer. Mais son influence funeste peut être plus subtile. D’une manière générale, le troll se nourrit du groupe, il est même l’un des phénomènes inhérents à tous les groupes. Son attitude est parfois anarchiste : il tend alors à détruire l’esprit de la communauté et la communauté de l’esprit, c’est-à-dire qu’il cherche à démasquer l’illusion du consensus qui règne entre les participants. Le plus souvent, le troll devient le bouc émissaire du groupe en question, sa victime expiatoire. Parfois, il le cherche et semble en jouir, tantôt il en souffre. Car le troll n’est pas forcément malveillant ou de mauvaise foi, il se peut même qu’il sommeille en chacun de nous ! Dès l’instant que nous ergotons sur un point de politesse, un détail qui nous paraît essentiel et mal compris de tous, nous marchons dans les pas du troll. De plus, le troll peut être collectif : des discussions infinies, aussi récurrentes que stériles sont ainsi qualifiées de trolls. D’une manière générale, le troll est très difficile à faire taire.
Comment lutter quand il est impossible de supprimer d’un clic le ou les mauvais plaisants ? L’ignorance est le meilleur remède. D’ailleurs, les habitués des forums finissent par repérer les trolls de loin et à lancer le fameux cri d’alerte : Do not feed the troll !
Mais parfois, cette injonction trop systématique à ne pas nourrir la bête et donc à décourager systématiquement certaines discussions peut s’avérer l’arme fatale… Du troll !
Un algorithme pour prévenir des trolls ?
Aux dernières nouvelles d’avril 2015, des chercheurs américains auraient mis au point un algorithme capable de détecter à l’avance le comportement d’un internaute s’apprêtant à faire dégénérer une discussion.
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