Jadis pratiquée aux ciseaux pour protéger les bonnes mœurs ou des intérêts politiques, la censure prend aujourd’hui de nouveaux visages, jusqu’à en perdre figure humaine quand elle sévit sur internet.
La limitation de la liberté d’expression et de diffusion de l’information est pratiquée depuis longtemps par les puissances politiques et morales dès lors qu’elles peuvent y trouver un intérêt, ou du moins y voir la réduction d’un risque. Les supports physiques, puis la radio et la télévision ont ainsi subi les coups de ciseaux, déprogrammations et autres interdictions des censeurs. Internet, média conçu pour être libre et sans entrave, n’a pourtant pas pu bien longtemps échapper aux fourches caudines de la censure : certains Etats ont ainsi mis en place des systèmes contrôlant et encadrant l’usage du web par leurs citoyens. Il s’agit là du type de censure le plus classique, celle qui protège des puissances politiques, qui a réussi avec des fortunes diverses à transférer ses méfaits sur les médias électroniques.
Mais cette vieille tradition, qui comporte une dimension salutaire quand elle limite l’expression de la haine et interdit la pédopornographie, s’est diversifiée et accentuée ces dernières années.
Cette diversification concerne tout d’abord les mains qui tiennent les ciseaux et les intérêts qu’elles protègent. Aux côtés des Eglises et des Etats, les intérêts privés, ont pris peu à peu une place grandissante. Les droits d’auteur en font partie, tout comme toutes les formes de droit à l’image. Les outils de la censure ont aussi gagné en efficacité. Les plus performants d’entre eux sont des robots, qu’il suffit de programmer et de configurer efficacement pour qu’ils protègent des catalogues entiers d’œuvres musicales ou de films. Installés aussi bien sur Youtube que sur les moteurs de recherche, ils suppriment ou rendent invisibles systématiquement tout document potentiellement délictueux. Malheureusement, comme on l’a vu sur Facebook, ils ont du mal à faire la distinction entre photo d’art et pornographie.
En juillet 2011, Lady Gaga, toute fière de poster sur Youtube sa dernière prestation dans l’émission « Taratata » c’est vue purement et simplement fermer son compte pour violation du droit d’auteur. C’est encore un robot trop zélé qui défendait les intérêts de l’émission qui a puni injustement l’innocente chanteuse ! Et comme l’univers des contenus protégés ne cesse de s’étendre, la moisson des ciseaux électronique est toujours abondante !
Enfin, la censure sera bientôt un outil de travail facile à utiliser qui fera le bonheur des décideurs : Google teste un nouveau logiciel de censure électronique au service des entreprises. Baptisé « Policy Violation Checker », il vérifiera la validité juridique du contenu des courriers électroniques avant leur envoi. Un Big Brother niché dans chaque ordinateur ! Orwell est décidément dépassé !
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